Frère David-Marie

F. David Marie (à droite sur la photo), homme des montagnes du Colorado, habite depuis 4 ans au Monastère. Recherchant les plaisirs du monde il a récolté l’amertume. Jésus, qu’il connaissait depuis sa plus petite enfance, l’a rejoint dans sa détresse et l’a guidé vers le désert syrien.

 

Qui suis-je ?

 

Je suis né au Colorado, USA, où j’ai été élevé dans une grande famille parce que ma mère est l’ainée de douze enfants.  Chez ma grand-mère, Shirley Anne, qui habitait juste à côté de mes parents, j’aimais beaucoup l’ambiance d’amour, de joie familiale dans les célébrations de notre foi.  Avec mes oncles et tantes on visitait souvent les montagnes où la beauté et la grandeur de Dieu s’expriment de façon glorieuse.  En aidant ma grand-mère dans son beau jardin j’ai été fort impressionné par sa tendresse. Malgré ses douleurs – elle souriait toujours, et parlait toujours de l’amour de Dieu pour nous. Quand une peine m’arrivait elle me disait: « Offer it up », c’est-à-dire : offre cela comme petit sacrifice au Seigneur en union avec sa Passion.  Dans son jardin on a beaucoup chanté le Seigneur, Shirley et moi ; elle m’apprit l’histoire des saints, le rosaire, et le chapelet de la Miséricorde Divine.  Elle m’a montré  la valeur du travail, et comment « offrir au Seigneur nos souffrance quotidiennes ».  Elle m’apprit aussi la tendresse, l’affection, la compassion.  Sa maison pour moi était un paradis, et je connaissais son adresse et son n° de téléphone avant le nôtre – parce que c’était là que j’ai appris mon identité éternelle - Qui suis-je ? - je suis un enfant de Dieu !

 

Comment est-ce que j’ai connu Jésus ?

 

Malgré mon éducation j’ai abandonné Dieu, … mais Il ne m’a pas abandonné.  Dans l’université j’ai rejeté les valeurs que ma famille m’avait enseignées.  Comme rebelle j’ai voulu jouir de ma « liberté » mais je me suis rendu esclave.  C’était comme Jésus dit dans l’Ecriture à l’église de Laodicée « Parce que tu dis: Je suis riche, je me suis enrichi, et je n'ai besoin de rien, …tu ne sais pas que tu es malheureux, misérable, pauvre, aveugle et nu » (Ap 3, 17).  Je me suis rendu compte que j’étais comme ça, j’avais besoin de Jésus Christ dans ma vie.  Des profondeurs de mes ténèbres j’ai crié vers Dieu, et Il m’a exaucé, de façon miraculeuse Il m’a sauvé. 

 

 Le jour de la fête de l’Assomption, 15 août 2003, après la messe, il y avait une réunion d’ « Alcoholics Anonymous » dans notre église.  J’y ai assisté.  C’est un programme spirituel pour aider les gens à surmonter l’attraction pour l’alcool et la drogue.  Ça a changé ma vie, je me suis rendu compte que mon amour pour la boisson était une source de mal dans ma vie. Cela m’empêchait de terminer mes études dans l’université de Princeton.  Les gens y confessent « qu’ils ont un problème avec l’alcool, qu’ils ne sont pas capables d’arrêter par leur propre force, qu’il n’y a personne qui peut les faire arrêter».  Mais la célèbre étape est la troisième : « La force humaine ne peut pas m’aider, mais Dieu, si je le cherchait, Il pourrait m’aider ».  Le programme est basé sur cet acte de foi.  C’est incroyable, mais c’est l’unique mesure qui marche contre l’alcoolisme.  Chaque réunion se termine avec un « Notre Père».  C’est là que j’ai découvert que Dieu n’est pas une force anonyme lointaine, il est au contraire très proche, comme le dit St Paul : « Bien que Dieu ne soit pas loin de chacun de nous, car en lui nous avons la vie, le mouvement, et l'être ».  (Act 17,27-28)   Par son amour infini Dieu est disponible pour chacun de nous pour nous faire grandir dans toutes les petites choses de la vie.  J’ai obtenu mon diplôme de Princeton en 2007.

 

A cause de ces difficultés j’ai découvert Dieu comme Sauveur. Son Amour est pratique—le Dieu qui est loué au jardin de ma grand-mère est le même qui sauve les pauvres et leur donne la paix.   Maintenant je le suis reconnaissant pour tout.  Pour moi Jésus Christ n’est pas un « bon philosophe » ni un « doux révolutionnaire ». Jésus est le Rédempteur du monde, il est mon meilleur Ami.  Parce que seul Lui a fait quelque chose pour changer notre condition humaine pitoyable : la guerre, la haine, la jalousie, la convoitise, le mensonge.  Tous les autres pouvaient changer l’extérieur de l’homme mais seulement la lumière de Dieu peut changer les CŒURS des hommes, seul Dieu peut nous guérir. Il nous transforme par la Croix de son Fils, qui a librement voulu mourir pour nous, pour moi.

 

Comment est-ce que j’ai connu le monastère ?

 

En 2009 j’ai eu le plaisir d’habiter sept mois à Lyon. Là-bas, devant le Saint Sacrement dans l’église S. Nizier, j’ai entendu comme une voix du Seigneur dans mon cœur qui m’incitait à Lui donner ma vie.  En 2010 J’ai abandonné mon travail, ma famille, ma copine en Amérique et je suis venu en Syrie par avion (billet d’aller, sans retour) – j’avais une forte envie de vivre quelques mois en Syrie sans savoir pourquoi.  Dès que je suis arrivé, en priant, en assistant à la messe quotidienne dans les dizaines d’églises de la vieille ville de Damas, et en lisant la Bible, j’avais de plus en plus un désir inébranlable pour donner le reste de ma vie au Seigneur.  Mais à l’époque je voyais la multitude de mes péchés comme un grand fardeau [un obstacle pour ma consécration].  Ainsi à Damas, dans l’église de St Antoine, j’ai dit au Dieu: « Misérable pécheur que je suis. Je n’ai rien de bon à t’offrir.  Je ne suis pas digne de Toi, je mérite l’enfer.  Mais je ne me juge pas moi-même, Tu es mon Juge, Seigneur.  Je sais que tu es Digne et Bon, ô Dieu, envoie-moi en enfer si tu veux, je m’abandonne à Toi, fais de moi comme tu voudras. Juste, permets-moi de t’aimer pour le restant de ma vie.  »  Tout à coup le fardeau de mes péchés a comme disparu, et je me suis senti enveloppé d’amour, l’amour infini de notre Dieu. Cet amour m’a guidé vers le monastère de Saint Jacques par miracle, et je suis devenu libre, content d’être moi-même pour la première fois dans ma vie.  Si vous pouvez m’offrir 5 millions d’euros pour quitter ce monastère en Syrie, il faudrait dire : « non, je n'accepterai pas. »  L’amour et la tendresse de Dieu nous a été donné pour les donner aux autres, parce que le monde en a besoin.  L’amour divin nous accompagne dans toutes les difficultés de la vie.

 

Jésus est le véritable Sauveur du monde, nous voulons habiter dans Son Cœur. Peu importe si le monde en regardant notre foi pense que nous sommes fous.  On peut dire, je connais peu de choses, mais je connais Celui qui connait tout.  Son nom est Jésus Christ.  Il m’a invité à quitter la vanité de ce monde et à habiter dans Sa maison où sa paix et sa joie règnent.  Par sa croix, par grâce, il m’a donné le salut, non par mes œuvres.   Comme le dit St Pierre : « Lui qui a porté lui-même nos péchés en son corps sur la croix, afin que morts au péché nous vivions pour la justice… lui par les blessures duquel vous êtes guéris.  Car vous étiez tous comme des brebis errantes mais maintenant vous êtes retournés vers le Pasteur et l’Evêque de vos âmes. » 

  

Tous ont une grande foi en Jésus ici en Syrie (même les musulmans !).  C’est un pays de foi, ouvert à la vérité du mystère de Dieu. 

 

 Comment est-ce que j’ai vécu cette guerre ?

 A cause de la guerre ma vie a été purifiée de tout ce qui n’est pas nécessaire.  La vie est un miracle, un mystère, une invitation.  Et la prière est l’acte d’humilité où nous nous ouvrons à reconnaitre le miracle que nous sommes.  Ma vie n’est qu’une prière, un cri vers Dieu.  Dieu nous entend avec tendresse, parce qu’il connait toutes nos souffrances.  Isaïe a dit ceci sur Jésus le Messie : 

 

 « Ce sont nos souffrances qu'il a portées, C'est de nos douleurs qu'il s'est chargé. Et nous l'avons considéré comme puni, frappé de Dieu, et humilié. Mais il était blessé pour nos péchés, brisé pour nos iniquités; Le châtiment qui nous donne la paix est tombé sur Lui, Et c'est par ses blessures que nous sommes guéris.   Nous étions tous errants comme des brebis, chacun suivait sa propre voie. Et l'Éternel a fait retomber sur lui l'iniquité de nous tous. »  (Is 53,4-6)

 

Jésus porte les souffrances et la tristesse de tous, surtout des innocents.  Moi je ne suis pas innocent.  Dans cette guerre mon cœur, avec toutes mes forces, toutes mes faiblesses, est trop lourd à porter seul.  Alors tout cela je l’ai dirigé vers Dieu dans un acte d’abandon. J’ai trouvé que la communauté est Jésus, nous sommes son corps mystique.  Et la joie de Dieu est notre force.  C’est important de louer le Seigneur tout le temps, car la louange ne donne pas à Dieu ce qui lui manque, mais elle nous donne tout ce dont nous manquons.  Jésus qui nous soutient à travers cette nuit d’exil, il nous donne le Pain du Ciel, son Sang, et son Esprit.

 

Jésus nous dit : Je suis le pain vivant qui est descendu du ciel. Si quelqu'un mange de ce pain, il vivra éternellement; et le pain que je donnerai, c'est ma chair, que je donnerai pour la vie du monde. (Jn 6,51)

 

C’est la vérité de la foi que le monde ne comprend jamais.  Notre vraie patrie est le ciel, cette vie terrestre n’est qu’un petit pèlerinage.  Jésus est venu pour nous donner la Vie éternelle—qui n’est pas seulement la vie sans fin mais une transformation radicale. Notre but est l’unité avec Dieu, celui qui s’unit avec sa femme, « les deux deviennent une seule chair, mais celui qui s'attache au Seigneur est avec lui un seul Esprit » (1Co 6,17). La vie éternelle est une relation d’amour avec Dieu. Jésus dit « Or, la vie éternelle, c'est qu'ils te connaissent, toi, le seul vrai Dieu, et celui que tu as envoyé, Jésus Christ. » (Jn 17,3).  Par le pouvoir de sa résurrection Jésus nous donne l’Esprit de filiation, pour devenir comme lui : un enfant de Dieu. Ainsi nous prions avec notre premier pape, Saint Pierre :

 

« Béni soit Dieu, le Père de notre Seigneur Jésus Christ, qui, selon sa grande miséricorde, nous a régénérés, pour une espérance vivante, par la résurrection de Jésus Christ d'entre les morts, pour un héritage qui ne se peut ni corrompre, ni souiller, ni flétrir, lequel vous est réservé dans les cieux ! »  (1Pe 1,3-4)

 

St Athanase dit « Le Fils de Dieu est devenu un fils de l’homme afin que les fils des hommes peuvent devenir des fils et des filles de Dieu ».  Chaque messe nous sommes au ciel, entourés de nos frères les saints et de nos amis les anges.   C’est au monastère, dans cette communauté d’amour et surtout, dans l’Eucharistie, le Pain du Ciel, où je trouve la force pour continuer à vivre dans la joie.  Jésus est partout.  Gloire à Dieu par Jésus Christ, le Roi et le centre de chaque cœur !

 

 « Vous aurez de la tribulation dans le monde.  Mais prenez courage ! J'ai vaincu le monde. » (Jésus la nuit de sa Passion, Jean 16,33b)

 

Découvrez ci-dessous la vidéo qu’on avait réalisée pour notre premier site, avant ma prise d’habit, le 15 avril 2012 – lors de la fête de la Miséricorde Divine.